Voyager en Iran pendant le Muharram
Voyager en Iran pendant le Muharram a été une expérience vraiment spéciale. La seule information que j’avais sur le Muharram avant de le vivre, était le fait que c’est une série de jours tristes marquant la commémoration de la mort de l’Imam Hossein. C’est peut-être pour cette raison que j’ai été émerveillé par les vues et les expériences des trois jours des observances. Mon esprit était libre de préjugés et j’ai tout pris avec un cœur ouvert. Encore une fois, cette attitude m’a amené directement à des discussions profondes et honnêtes et à établir des liens avec les gens.
Veuillez noter que si vous souhaitez en savoir plus sur l’aspect religieux du Muharram, le mieux est de lire les sources respectives sur l’Islam et de demander à vos amis musulmans de vous expliquer. Cet article est un résumé de mon expérience en tant que touriste pendant les Observances du Muharram.
J’ai passé une journée du Muharram à Téhéran, une journée à Kashan et une journée à Qazāān, un petit village près de Kashan. Pendant ces jours-là, les gens portaient principalement du noir et si vous souhaitez vous immerger dans l’expérience, je vous conseille de faire la même chose. Personne n’attendra ça de vous en tant que touriste, mais ça sera apprécié.
Les trois couleurs primaires que vous verrez pendant le Muharram sont le noir, le rouge et le vert. Vous verrez des drapeaux noir avec des calligraphies rouges cousues à la main dans les mosquées et partout dans les rues. La couleur noire signifie le chagrin. Vous verrez aussi la couleur rouge sur les drapeaux et dans les rues. Même l’eau des fontaines des mosquées est colorée en rouge. C’est le symbole du sang, du sacrifice, de la mort de l’Imam. Pour compléter l’ambiance, des lumières vertes illuminent les rues la nuit. Le vert est la couleur de l’Islam et un symbole de la paix. Les rues pendant la nuit étaient un phénomène remarquable à voir. Partout où vous regardez autour de vous, vous voyez la ville complètement transformée par ces trois couleurs, c’est le genre de vue que vous savez restera dans votre cœur pour toujours.
Dans les 3 derniers jours du Muharram, les rues étaient pleines de vie. Les gens ont fait des offrandes de nourriture, insistant que je prends tout ce qu’ils avaient à donner : du thé, des bonbons, de la pastèque, des repas complets avec du riz et de l’agneau. Si vous ne voulez pas manger ce qui vous est offert, prenez-le et donnez-le à quelqu’un d’autre plus tard. À Téhéran, nous étions tellement remplis avec Hamid que nous avons pris la nourriture et nous avons la donnée à des personnes plus âgées et plus pauvres. Ce n’est pas poli de refuser la nourriture qui vous est offerte, car l’acte de donner est une promesse des gens à Dieu qu’ils feront du bien. Si vous refusez, c’est comme si vous leur refusiez une chance de faire du bien. Vous devez comprendre que prendre ce que quelqu’un a à vous offrir les rend aussi heureux que pour vous de le recevoir. Cet acte de donner et de recevoir, les bonnes intentions et la générosité derrière, sont, pour moi, l’essence même de la commémoration.
Le sentiment le plus fort que j’ai ressenti pendant le Muharram était l’appartenance à une grande famille. Le sentiment d’une communauté unie et solidaire a été très fort durant ces trois jours. Les gens font tout ensemble et le fait que j’étais un touriste d’une autre foi n’avait aucune importance pour eux. Ils m’ont invité à participer à tout - du partage des repas ensemble à l’honneur d’ouvrir une porte dans une mosquée et à m’inviter à faire une prière. Par la suite, ils ont été curieux de savoir ce que je souhaitais. Quand j’ai dit que je souhaitais la paix et la prospérité à l’Iran et au Moyen-Orient tout entier, leurs visages se sont illuminés d’un grand sourire.
Beaucoup de gens seront curieux de vous connaître, ils vous demanderont n’importe quoi - votre pays d’origine, votre âge, votre situation familiale ou même votre emploi. Pour moi, en tant que femme, seulement des femmes et des filles s’approchaient de moi, donc je n’ai pas ressenti d’intimidation de ces questions et j’ai répondu ouvertement. En outre, beaucoup de selfies vont se faire, prenez-le avec un cœur léger et profitez-en.
Vous verrez de nombreuses performances qui recréent la mort de l'Imam Hossein. Le meilleur endroit, et l’un des plus authentiques en Iran pour voir une telle performance est dans un village près de Kashan appelé Qazāān. J’y suis arrivé par pur hasard. Pendant mon séjour au Puppet House Museum Guesthouse à Kashan, le propriétaire Amir a emmené ses invités voir cette représentation et nous avons passé la journée entière dans le village. Ce jour-là a été l’un de mes jours mémorables en Iran et au moment même où j’écris ces mots, j’ai un grand sourire sur mon visage en pensant à tous les gens de Qazāān et à leur générosité.
Enfin, l’un de mes moments préférés pendant le Muharram fut à Kashan. Quelques petites filles se sont rassemblées autour de moi parce que j’étais la seule étrangère dans une petite mosquée. Bien sûr, quand ça arrive, une “séance de selfies” suit. Le père d’une des filles s’est joint à nous dans la photo et m’a dit : “envoyez cette photo aux Nations Unies et dites-leur que les gens en Iran sont pacifiques”. J’espère certainement que quelqu’un de l'ONU verra cette article sur ce blog, apportant un message de paix.
Je voudrais exprimer ma gratitude à Hamid, Amir et aux gens de sa maison d'hôtes, Sarah, Farid et ses charmants amis qui ont partagé avec moi cette expérience du Muharram. Je garde un bon souvenir de ces quelques jours grâce à leur générosité et à leur gentillesse.