Esfahan est ma ville préférée en Iran. En me promenant dans les rues de la ville, je me suis surpris à penser plusieurs fois “je pourrais tout à fait vivre ici”. Je m’imaginais courir au bord de la rivière, savourer une tasse de chai avec des amis sur la place Naqsh-e Javan, trouver la paix en contemplant tranquillement l’une des nombreuses mosquées captivantes de la ville... Je le pense vraiment quand je dis qu’être à Esfahan, c’est comme être dans un rêve. Je n’y suis resté qu’un jour et demi, qui était beaucoup trop court.

Je veux retourner à Esfahan, pour vivre plus des expériences locales et connaître mieux la ville. Quand je ferme mes yeux et je pense à Esfahan, je me souviens des gens charmants que j’y ai rencontrés, de la grandeur de l’architecture, des marchés où je voulais tout photographier et une vague de bonheur chaleureuse se déverse sur mon cœur.

En chiffres

J’aime voir comment les nombres racontent des histoires par leur simple existence. Voici les faits que je trouve les plus intéressants sur Esfahan.

+2 millions est la population de Esfahan, ce qui en fait la 3-ème plus grande ville d’Iran.

89.600 mètres carrés, c’est la superficie de la place Naqsh-e Jahan, une des plus grandes places du monde et un site du patrimoine mondial de UNESCO.

1050 - 1722 sont les années où Esfahan a prospéré, en particulier au 16ème siècle sous la dynastie des Safavides. Pendant cette période, la ville était la capitale de la Perse.

10.000-12.000 est le nombre d’Arméniens estimé qui vit à Esfahan. Il y a 5 églises chrétiennes dans la ville.

162 mosquées, 273 bains publics, 1802 caravansérails et 48 madrasahs (collèges religieux) étaient présents à Esfahan entre 1664 et 1677, selon les notes du bijoutier et écrivain français Jean Chardin.

Il y a actuellement plus de 6000 sites historiques à Esfahan - un trésor de ville !

Sources : Wikipédia, Encyclopédie Britannica et Iran Gazette.

Comprendre

Esfahan est écrit comme Isfahan sur Google Maps et d’autres sites Web occidentaux. Cependant, toutes les dénominations sur les autoroutes et les cartes iraniennes l’écrivent comme Esfahan. C’est l’orthographe que j’utilise ici, parce que c’est l’orthographe originale. Ce sont les mêmes villes.

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Il y a eu une époque où Esfahan était la capitale de l’Iran et la plus grande ville du monde. Ce n’est plus le cas, mais la phrase “Esfahan est la moitié du monde” est restée vivante jusqu’à aujourd’hui. Je dirais plutôt qu’Esfahan est un monde à part entière. Et un monde que vous devez découvrir lors de votre visite en Iran.

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Mon ami Aghil m’a dit une chose drôle sur ce que les gens de différentes villes iraniennes s’appellent les uns les autres. Les Téhéraniens appellent les Esfahanis des avare et les Esfahanis appellent les Shirazi des paresseux. J’ai trouvé ça assez drôle parce que peu importe où vous allez dans le monde, au final, les gens sont des gens, et on se fait toujours des blagues les uns aux autres.

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Je ne sais pas si c’est vrai ou non, mais j’ai senti qu’Esfahan est la ville la plus riche d’Iran. Il y a beaucoup de gens qui ont des entreprises dans le domaine des arts au marché principal ou dans les restaurants spécialisés. En général, ce que j’ai perçu en parlant avec plusieurs personnes dans la ville, c’est un esprit entrepreneurial dans l’air. C’est amusant, malgré les sanctions, à Esfahan, on peut acheter des tapis persans avec la MasterCard et la Visa 😉

Voir & faire

Si, comme moi, vous restez peu de temps à Esfahan, le meilleur endroit pour séjourner est l’hôtel Keryas. Vous gagnerez beaucoup de temps précieux car l’hôtel se trouve juste derrière la place Naqsh-e Javan, au cœur de la ville. Une grande partie des principaux sites d’intérêt sont à distance de marche les uns des autres.

Voici la liste de ce que j’ai réussi à voir pendant 1 jour et demi à Esfahan :

La place Naqsh-e Javan • La mosquée Abbasi • La mosquée Lotfollah • Le marché d’Esfahan • La mosquée Jameh • La cathédrale Vank • Le pont historique Marnan • Le pont Si O Se Pol • Le pont Khaju

D’autres points de visite importants que je n’ai pas pu faire en ville sont :

Maison Mollabashi • Place de l’Imam Ali • Palais Ali Qapu • Maison historique Moshir Almolk • Palais Chehel Sotoon • Bain persan Qazi (Prenez un bain dans un vrai bain persan !)

A Esfahan, j’ai simplement renoncé à trouver des mots pour décrire la beauté autour de moi. J’ai rigolé avec mes amis de là-bas, en leur disant que vivre à Esfahan veut dire penser secrètement que toutes les autres villes du monde sont plutôt moches. Ils ont bien ri et ont aussi été d’accord 😅

En visitant la mosquée Abbasi et la mosquée Sheikh Lotfollah, soyez prêt à subir une overdose de toutes les nuances de bleu turquoise. Cette couleur bleu d’azur symbolise le Ciel. Ces deux mosquées sont probablement parmi les plus belles du monde entier. En y étant, regardez attentivement les détails et vous remarquerez que même si les motifs semblent parfaitement symétriques, les artistes ont fait une petite erreur intentionnelle dans l’architecture. C’est parce qu’ils croient que seul Dieu peut être parfait. Je suis sûre que ça sera difficile pour vous de pointer ces petites imperfections. Vous serez sans voix quand vous verrez l’attrait de ces deux mosquées. Les photos que je publie ici ne reflètent pas pleinement leur beauté intemporelle.

La mosquée Abbasi

La mosquée Sheikh Lotfollah

Mosquée Jameh de Esfahan

Une autre mosquée que vous devriez vraiment visiter, et, une de mes préférées dans tout l’Iran, est la mosquée Jameh d’Esfahan. C’est l’une des plus anciennes mosquées de la ville, continuellement construite, reconstruite et rénovée depuis le 8ème siècle avant JC. La combinaison des tuiles classiques de couleur argile et des mosaïques d’un bleu profond la rendent remarquable par son design. Sa cour intérieure spacieuse est comme un sanctuaire de paix et de tranquillité au milieu du marché dynamique.

Le marché d’Esfahan

Changeons complètement de sujet et parlons de shopping. D’habitude, je n’aime pas beaucoup le shopping, mais le marché d’Esfahan change tout. Il est 6 kilomètres de longuer (oui, vous avez bien lu) et l’abondance du choix vous fera sentir pauvre, peu importe votre budget. La vraie richesse, à mon avis, n’est pas dans ceux qui peuvent se permettre d’acheter toutes les choses du marché, mais dans ceux qui peuvent créer une œuvre d’art à partant de matières de base. Et quand on parle d’art, l’Iran est très très difficile à surpasser. Voici quelques exemples des œuvres d’art iraniennes renommée que vous pouvez acheter au marché :

• Des tapis. Légendaires, riches et réputés, les tapis persans restent fidèles à leur renommée. Tout aussi célèbres sont les marchands qui vous inviteront à prendre du thé, vous parleront longuement jusqu’à ce que vous réalisiez que vous avez laissé une fortune dans leur magasin et vous revenez chez vous avec 2 ou 3 tapis persans qui vous seront expédiés à l’étranger, quelles que soient les sanctions. La légende veut qu’un tapis persan ne perde jamais ses couleurs, c’est donc un investissement de toute une vie.

• L’argenterie. Si quelqu’un m’avait dit que je verrais un cheval Pégase géant en argent avec un prix de quelques milliers d’euros en Iran, j’en aurais ri... pourtant le témoignage photographique suggère que de telles vues sont réelles à Esfahan. Oui, c’est une de ces choses qu’il faut voir pour y croire. C’est fou le nombre de boutiques du marché consacrées à l’argenterie. Si vous les visitez, assurez-vous de voir aussi les ateliers des artistes et d’observer le processus de création lui-même.

• Minakari. C’est ici que mon argent s’est envolé... Un des arts distingués d’Esfahan, je n’ai pas pu résister à ces plaques de métal émaillé en bleu, absolument hypnotisant. Chacune d’elles est faite à la main et prend des dizaines d’heures à compléter. Vous pouvez trouver des minakari en rouge, vert, et même en marron, mais pour moi, le bleu est la couleur originale et le meilleur choix. Parce qu’elles sont faites de métal, vous ne pouvez pas les casser dans votre valise au retour, un grand avantage si vous les choisissez comme cadeau.

• Firoozeh-Koobi. Ces objets artisanaux de pierre turquoise incrustée sur cuivre peuvent être n’importe quoi, d’un bijou à un plat de table. Principalement, les gens achètent des petits plats de table avec un couvert et ils y mettent des bonbons. Parce que la pierre turquoise est une pierre semi-précieuse, le prix peut augmenter rapidement même pour des articles de taille moyenne.

• Sucreries iraniennes. Les gars... il n’y a qu’un seul mot que je dois dire ici : sohan. Je vous mets au défi de résister et de ne manger qu’un seul morceau de ce divin sucrier... Il est fait de miel, de safran, de cardamome, d’amandes et de pistaches. Et il n’y a rien, absolument rien de plus délicieux en Iran 😋😅 Mon sohan préféré est le “Ashkan Sohan” de la boutique No 180 de la place Naqsh-e Javan. La mort de l’extase est garantie avec ce-ci !

Bien sûr, au marché, vous pouvez aussi trouver des bijoux, des peintures, de l’art calligraphique, de la céramique, des vêtements, des foulards, de la vaisselle, des services à thé, de la décoration intérieure, des échiquiers faits à la main... le ciel est la limite à Esfahan.

Il est important de mentionner qu’Esfahan est la résidence d’une communauté chrétienne arménienne. Vous pouvez visiter la cathédrale Vank et le musée arménien juste de l’autre côté de la rivière. La cathédrale, qui est en fait une église orthodoxe, est un point de fusion unique entre l’architecture des mosquées iraniennes et l’art orthodoxe classique peint à l’intérieur. Vous verrez les murs de l’église recouverts de carreaux aux motifs floraux bien connus des mosquées et, juste au-dessus, des scènes colorées de la Bible. Magique !

Le quartier arménien en lui-même est très chic. Des cafés de style occidental, des magasins de vêtements et de chaussures à la mode, et même une salle de gym entièrement équipée sont tous à distance de marche de la cathédrale Vank. Par hasard, j’ai vu un des culturistes sortir du gym et bien... il ressemblait à Dwayne Johnson, “The Rock”. Ce n’est pas quelque chose qu’on s’attendrait à voir en Iran, mais bon, c’est Esfahan, donc tout est possible !

Pour terminer la journée, vous devriez passer du temps et vous détendre aux ponts qui traversent la rivière. Il y a 3 ponts que vous devez voir : Le pont historique de Marnan, le pont Si O Se Pol (pont en pierre à deux étages, comportant 33 arches) et le pont Khaju. Si vous ne voulez voir qu’un seul pont, le pont de Khaju est LE lieu où il faut être au coucher du soleil. Asseyez-vous, prenez un thé, laissez l’eau vous murmurer ses secrets et perdez-vous dans une bonne conversation pendant que les enfants jouent et rient autour de vous.

Eh, Esfahan, toi, beauté infinie ! J’ai laissé mon cœur quelque part dans la rivière Zayandeh... Je rêve de revenir un jour chez toi, me sentant déjà éternellement heureuse d’avoir vu, comme on dit, la moitié du monde.